mardi 22 décembre 2009

L'escapade des cagouilles

Deuxième prix Poésie libre
Thème animaux
Edmond Colson

Quelle étrange région que la nôtre !
La pluie nous manque cruellement
En cette fin du mois d'août.
La grande prairie où poussaient les vignes
N'est plus qu'une lande fauve
Où la folle avoine s'affaisse
Sous les chardons secs qui la dominent.
Elle y perd l'illusion de ses épis,
Engrenant tristement ses nacelles dorées.
Seuls quelques petits bleuets rampent
Sur le sol durci des sentiers.

Mais voici que pour remplacer les fleurs,
Venus de nulle part,
De minuscules escargots s'envoient en l'air,
Ils escaladent les tiges raides
Des fenouils sauvages et autres ombellifères
Ils se hissent à la queue leu leu,
En procession figée, dès que le soleil
Monte au zénith
Ils ne reprennent vie
Que lorsque la nuit s'annonce
Et recommencent alors à glisser lentement,
Jusqu'aux sommets les plus graciles,
Se chevauchent en bavant de plaisir.

Et cela fait, sur les vagues d'herbe desséchées,
Comme les gréements de navires illuminés
De milliers de fleurs de nacre,
Qu'un génie bienveillant
Aurait largué pour nous,
Pendant que nous dormions.

Edmond Colson

2 commentaires:

ErBer-Sète a dit…
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ErBer-Sète a dit…

Ces gentils animaux grimpent le long des tiges de fenouil sauvage, comme à un mât de Cocagne, pour y saliver et savourer les douceurs de la nuit.
Nous admirons la procession de leurs guirlandes jusqu'au plus fins sommets, nous les aimons, puis nous les mangeons. Tout va, tout vient, la vie et la mort s'entre dévorent. C'estlà le destin commun des êtres qui
animent l'Univers,tout passe... Seul l'Esprit demeure !
Raymond B
Chez nous, nous les appelions les "cagaroulettes."