lundi 28 décembre 2009

Le Cheval

Premier prix Poésie régulière
Thème animaux
Ludovic Chaptal

Monté d'un conquérant, au trot vers l'horizon,
Le cheval va gaiement sur la terre sauvage
Où les barbares l'ont contraint à l'esclavage
Pour porter en avant la couleur d'un blason.

Monté de la labeur, à travers la campagne,
Il traine la charrue et creuse les sillons,
Les champs s'offrent à lui, Mieux qu'à tous bataillons,
De Chine en Amérique, en passant par l'Espagne.

Monté d'une Amazone ou d'un bon chevalier,
Il enchante à lui seul, les contes légendaires,
Mais occupe toujours les rôles secondaires,
Le courage et l'honneur à lui peuvent s'allier.

Monté du souvenir et tirant la charrette,
Il ne garde en son cœur que le plus essentiel
Pour conduire son maitre, au galop, vers le ciel
Jusqu'à ce qu'une étoile, une nuit, ne l'arrête !

Ludovic Chaptal


mardi 22 décembre 2009

L'escapade des cagouilles

Deuxième prix Poésie libre
Thème animaux
Edmond Colson

Quelle étrange région que la nôtre !
La pluie nous manque cruellement
En cette fin du mois d'août.
La grande prairie où poussaient les vignes
N'est plus qu'une lande fauve
Où la folle avoine s'affaisse
Sous les chardons secs qui la dominent.
Elle y perd l'illusion de ses épis,
Engrenant tristement ses nacelles dorées.
Seuls quelques petits bleuets rampent
Sur le sol durci des sentiers.

Mais voici que pour remplacer les fleurs,
Venus de nulle part,
De minuscules escargots s'envoient en l'air,
Ils escaladent les tiges raides
Des fenouils sauvages et autres ombellifères
Ils se hissent à la queue leu leu,
En procession figée, dès que le soleil
Monte au zénith
Ils ne reprennent vie
Que lorsque la nuit s'annonce
Et recommencent alors à glisser lentement,
Jusqu'aux sommets les plus graciles,
Se chevauchent en bavant de plaisir.

Et cela fait, sur les vagues d'herbe desséchées,
Comme les gréements de navires illuminés
De milliers de fleurs de nacre,
Qu'un génie bienveillant
Aurait largué pour nous,
Pendant que nous dormions.

Edmond Colson

lundi 21 décembre 2009

La danse de l'éléphante

Premier prix Poésie libre
Thème animaux
Patricia Grange


Un essaim de poussière
Air flou sur la danse du pachyderme

Oh danse, danse, héritière du matin de la terre !

Ses pattes au cuir tendu de breloques
Troublent l'atmosphère avec élégance.
Matriarche parcheminée au diapason des sens,
Elle fait ourler les vagues de sa chair
Sur le sentier des rêves originels,
Et la terre oscille au métronome de la volupté.

Un essaim de poussière,
Air flou sur la danse du pachyderme.

Oh, danse, danse, héritière du matin de la terre !

Tes yeux se sont fixés sur mon âme
Et ton regard avait des frissons humains.
L'ombre du Siam a fleuri sur mon coeur
Et l'essence de Ganesh a dansé sur la musique des sages.
Ta trompe doucement a enrobé mon oreille
Et y a soufflé la bénédiction des pères.

Oh danse, danse, héritière du matin de la terre !

Un essaim de poussière
Air flou sur la danse du pachyderme.

Oh danse, danse, héritière du matin de la terre !
Oh danse, danse, ferment du savoir de nos Pères !

Patricia Grange



samedi 19 décembre 2009

JE PENSE

Peut-être faudrait-il que le monde entier commence à "penser" ........... ?

jeudi 17 décembre 2009

La meunière et l'âne

Deuxième prix Humour
Thème Animaux
André Roou

Une meunière et son âne livraient farine
Elle allait, pas léger, élégante, mutine
Son Baudet du Poitou, fort et beau mulassier
Marchait à ses côtés avec un air altier.

Ayant lu "L'Âne d'Or" il rêvait à l'amour
De sa belle maîtresse et ses yeux de velours
Elle, tirait profit des saillies de la bête
L'argent ainsi gagné emplissait sa cassette

La livraison finie, ce jour-là, justement
L'âne devait aussi couvrir une jument
Par sa réputation, l'animal rapportait
Pourtant cette fois-là, comme on dit, il calait !

Sa patronne, pas née de la dernière pluie
Regarde tout autour, ne voit signe de vie
Devant l'âne contrit, relève son jupon
Dévoile ses dessous avec un air fripon

Aussitôt l'étalon, qui n'en croit pas ses yeux
Se réveille de là où il était si piteux
Honore la jument avec exaltation
Un beau mulet, pour sur, naîtra de cette union.

La meunière était déjà assise sur son âne
Flatte l'encolure et joue la courtisane
Lui murmure d'aller au plus vite au moulin
L'animal est charmé et il trotte serein.

Elle rentre en courant, saute sur son mari,
Sur les sacs de froment s'offre à l'homme surpris.
Ravi par ses ébats, ce feu de nymphomane
A des lieux de penser qu'elle le prend pour un âne.

André Roou

mercredi 16 décembre 2009

Guerre et Paix

Chancelante, je me sens prise de vertige
Seule face à la mer déchaînée de rafales
Telle une frêle fleur perchée sur sa tige
Assiégée de folles bruyantes cigales.

L'orage gronde sur le toit de la maison
Le gros arbre grince sous la rugueuse écorce
S'élève la ténébreuse et sourde chanson
De la nature dans son épreuve de force.

Les yeux fermés, mon visage frissonne au vent
Qui, balayant les nuages, purifie l'air
La rumeur s'éteint et je m'assoupis, rêvant
Aux souffles du silence dans le ciel clair.

Jean Souris à l'amour

Premier prix Humour
Thème Animaux
Frédéric Roche

Les volets dégondés pendaient sur la façade
Et mon toit me montrait le ciel froid de la nuit,
Sous le vent le cyprès, planté sur l'esplanade
Barbouillait mes vieux murs aux couleurs de l'ennui.

"La gent trotte menu" ayant mangé mes vivres,
Dans le cellier mon lard, mes pommes et mes noix,
Le suif de ma chandelle et le cuir de mes livres,
La disette annoncée mit son exode aux voix.

Une seule resta, petite souris grise,
Robe de moinillon, moustache d'adjudant,
Fut-ce de la pitié, de moi fut-elle éprise ?
Elle léchait mes mains sans donner de la dent.

Nous prenions nos repas dans la même écuelle,
Du pain émietté dans du lait coupé d'eau,
Après notre repue la jolie demoiselle
De ses petites mains se lissait le museau.

Un matin au réveil, j'eus un nœud dans la gorge,
La voyant s'échiner sur les parquets souillés,
A gratter, suffoquer comme un soufflet de forge,
La honte me saisit, mes yeux se sont mouillés.

Quelques ablutions et j'enfilai des hardes,
J'ai coupé le cyprès, j'ai scié, j'ai poncé,
J'ai raboté, j'ai peint et après cent échardes,
Mes murs furent chauffés et mon toit rapiécé.

Un samedi matin j'attelai ma voiture,
Et mon tabellion me reçut l'air gourmand
Je lui dis : "-Mon ami, passons à l'écriture
Et ne souriez plus... Voyons mon testament !"

Frédéric Roche

mardi 15 décembre 2009

Chaque jour

Deuxième prix prose Poétique
Thème: Le courage
Bernard Stimbre

Varapper, escorté comme épeire par son fil de la vierge, doigts et pieds agriffés dans des creux dolomites. Voler sous l'aile faseyante qui pastiche la ronde du rapace, festoie sur les marées du vent. Le courage est aisé à qui aime voltige, hauteur et néant sans vertige.

Chaque jour vaquer dans la froidure, sous l'ondée, pour nourrir sa nichée. Chaque jour tenir la main tavelée de ceux que l'on connait à peine et qui vont, bientôt changer de monde. Chaque jour prendre le pas de l'autiste cadenassé dans son âme incertaine. Chaque jour s'acharner à vivre, cramponné à sa désespérance.

Voici de ces sentes ardues où l'on prend le courage au collet, où la fortitude se frotte et s'use au quotidien, longue et belle patience, dans la voracité du temps qui broie nos jours.

Bernard Stimbre

lundi 14 décembre 2009

Petite poupée

Premier prix de prose poétique
Concours 2009
Thème: Le courage
Valérie Schreder

D'une main timide, la petite agrippe le bord du monde et se dresse, tremblante, sur ses jambes qui flageolent. De ses yeux de poupée cirée, elle observe la grille verte de l'entrée.

Le regard mouillé, fière d'être debout aux portes de la vie, elle s'élance vers l'asphalte, où d'autres déjà s'ébattent en semi-liberté. Elle court, à son tour vers l'inconnu, sans se retourner.

Petit bout de femme endimanchée, elle ne va tout de même pas pleurer. C'est digne des mamans, aux entrailles déchirées, de larmoyer le jour de la rentrée !

Valérie Schreder