mardi 27 janvier 2009

La bouche en folie (acrostiche)


L à ! Elle est si jolie quand elle nous sourit,
A vec son air malin, enfantin, c’est Carolin.

B ouche très aguicheuse, aux lèvres ravageuses,
O n les devine bien dessinées, coquine branchée.
U ne belle langue rose, si sensuelle et si virtuose,
C achée dans deux jolies joues pour “petit bisou”.
H abilement maquillées dans le vent des baisers,
E n souriant, elle attend gaiement le bon moment.

E nfin, c’est certain ! Elle dit plein de bêtises,
N ourrie aussi, par de très bonnes friandises.

F anatique, si pratique… pour faire de la jolie musique,
O u déclamer de la belle poésie, aussi, j’en suis si ravie !
L a langue bien pendue tangue avec les sous-entendus.
I l faut que je me repoudre le nez alors vous m’excusez,
E t trop beau, le coup de foudre tombé m’a déconnecté.

Véronique Bouzigues

mardi 20 janvier 2009

Frimas

Grand-mère emplissait la baignoire de braises incandescentes, la glissait entre les draps entr'ouverts de nos deux lits jumeaux. Nous nous déshabillions en hâte, enfilions une longue chemise de toile souple et des chaussettes courtes de laine tricotée, puis allongions nos corps d'enfants entre les draps tendus sous les édredons rouges gonflés de fins duvets. -Ne remuez pas trop, gardez bien la chaleur du bois sec embrasé. Nous étirions nos jambes dans les régions les plus fraîches, le sang passait sans heurts, les coeurs battaient moins forts. Une douce torpeur alanguissait nos êtres et nos paupières lourdes s'abaissaient pour la nuit. Grand-mère posait sur nos deux joues de longs baisers de fée puis à pas silencieux gagnait la chambre claire. Le matin s'invitait par l'oeil des volets clos, plongeait dans un ravissement douillet notre réveil surpris. Des fleurs de givre ornaient les carreaux des fenêtres et des grains de froidure piquaient les vieux murs gris. Dehors la bise sifflait les valses du grand nord et le neige fine poudrait le paysage glacé. Nous courions comme des fous à la cuisine chaude où le fourneau ronflait pour toute la maison. Grand-mère nous serrait fort sur sa poitrine offerte en nous baisant les front, les yeux, le nez, le cou. Ces instants là jamais je ne pourrai les dire tellement ils étaient beaux. -Etes-vous bien chez moi mes jésus, je vous garde trois jours encore, bien courts, et puis vous partirez, vous m'écrirez souvent. Elle nous servait du lait bouillant, nous tartinait du miel et sa gelée de coing. Je sais depuis que la chaleur est toute enfouie en nous comme au coeur de la terre, que le pain, la tendresse et la douceur des mots, comme braises attisées chassent la faim, la peur, et qu'il n'est ici-bas d'époque ni de lieu d'où l'on ne puisse écarter la misère et la mort.

Armand Mante

mercredi 7 janvier 2009

Ma Ville



On a souvent parlé de la ville lumière,
Et surtout de MARSEILLE avec sa canebière.
Chaque poète dit, en vantant son pays,
« C’est le plus beau de tous, c’est presque un paradis ».

Permettez, pour ma part, moi l’humble rimailleur,
Qu’à mon tour je signale, en France, au visiteur,
Qu’il existe ici bas une île singulière,
Qui n’est souvent connue que par son cimetière.

Elle a été chantée d’abord par VALERY,
Puis par Georges BRASSENS, et ce n’est pas fini.
Chaque sétois voudrait, du plus profond du cœur,
Faire connaître au monde ce lieu si enchanteur.

C’est d’abord au réveil un petit air de fête,
Le bonjour matinal à la bonne franquette.
Chacun fait son travail, et surtout le soleil
Donne à tous les objets une couleur vermeil.

Dockers et Charbonniers, sur leurs larges épaules,
Pour les bateaux qui vont jusqu’aux confins des pôles
S’assujettir les flots, chargent, c’est leur destin,
Déchargent les produits dont certains ont besoin.

Des langues bien pendues ont dit que le Midi,
Etaient fait de fainéants, qu’on ne pensait qu’au lit.
C’est vrai que le travail, ici on le fait vite,
Pour s’en débarrasser et rejoindre son gîte.

Et pour ne pas avoir à le recommencer,
On le fait vite et bien ; et l’on s’en va goûter
Les délices subtils d’un verre de pastis
Qui nous fait oublier qu’il y a « Ramassis » (1).

Et le dimanche arrive, on monte en baraquette,
Le paysage est beau, c’est un lieu de retraite.
Ou bien on s’en va faire un tour à ISSANKA ;
Et sieste obligatoire après le bon repas.

MACIAS nous a chanté « j’ai quitté mon pays »,
Et moi tout comme lui, je l’ai quitté aussi.
Mais lorsque je le peux, je vais me mettre au vert,
Au pied de ma colline appelée Mont St Clair.

Sur notre plage immense, ou bien dans les rochers,
La mer y étincelle de mille et un reflets.
Tout le monde s’amuse et ce si beau rivage,
Fait oublier l’été, que SETE est un village.

C’est un point sur la carte, dans notre vaste France,
Pour moi ce site est beau, puisque c’est mon enfance.
Les estivants qui triment dans la Capitale
De repos, viennent ici apaiser leur fringale.

Je ne veux pas avoir l’âme d’un troubadour,
Ni penser que je vais vous faire un long discours,
Mais en lisant ces mots, ami, non un poème,
Je voudrais que tu visites SETE et que tu l’aimes.

Jean RATIER.

(1) Nom donné à un cimetière Sétois.