samedi 8 décembre 2012

SLAM 1958

SLAM 1958


La clope, la sèche, entre quinze et vingt berges,
qui scellait l'amitié, qui se donnait en frères,
qu'on offrait à tout va, connu ou connais pas,
qui meublait les amours et ornait les galères.

Daniel, Gilbert et moi la cigarette aux doigts,
Trois jeunes, un passé, et un peu de futur.
Trois copains collégiens en photo blanc et noir,
des "poteaux", des frérots, qui écoutaient Z'navour
et Mouloudj qui chantaient de leurs voix de rature
les erreurs, les félures, qu'on connaitrait ...plus tard,
"qu'en on aurait vingt ans", dans trois ans, dans trois jours,
si la trouille, la moche, la guerre d'Algérie
lâchait son hypothèque sur nos vingt ans de vie.
Tu piges ? Soixante trois, quand ce fut terminé,
on était des milliers à Nation à Bastoche,
à gueuler "on salut qui on veut ! nous qu'on a emmerdés
à faire cirer nos pompes, à balayer les chiots,
et même on crache dessus, en vrai ou en cinoche.

 Daniel, Gilbert et moi, on tirait sur la clope.
Dans le regard lointain, qu'on se donnait à l'époque, 
à travers la fumée les oueds étaient proches,
ou peut-être lointains, (moi j'y suis pas allé).
Daniel, Gilbert et moi, une main dans la poche,
la Gauloise dans l'autre. Et le siècle à filé !
Daniel tu t'es tiré avec ce salaud de crabe,
Gilbert je t'ai perdu, comme je perd les syllabes.
Tu rêvais d'un pays, bien carré, bien prospère,
je te salue Gilbert ; as-tu un bon chemin ? Connais-tu la galère ?

Daniel, Gilbert et moi, la clope à la main,
on lisait l'avenir dans la fumée Gauloise
ou dans belle Gitane, aux formes idéales,
pareilles à Ginette, que j'avais pelotée au ciné Le Royal.
Emules de Gabin, Belmondo ou Montant,
on flirtait au ciné, c'était les moeurs  du temps.

La "nostalge" me prend, un soir sur une image !
1958, une année formidable ! Trois internes reclus
qui s'offraient un jeudi, à rêver l'avenir, à bâtir un mirage,
à y croire quand même, envers, ou contre, ou pour,
et qu'on a écourté, ou qu'on a pas vécu, ou peut-être ..un jour ?

Choûté à la Gauloise, ça fait rire les mômes,
ceux d'à présent, bien sur, parce que ceux... "de mon temps"
ceux qui pleurent tout le temps, que "c'était mieux avant",
qu'on était jeunes et cons, et que c'était pas vrai,
qu'on aurait jamais cru écrire des poèmes
et qu'on en écrit quand même,
pour ne pas vous dire qu'on vous aime
jeunes cons d'aujourd'hui !

      Gérard Comolas/Montanari

vendredi 21 septembre 2012

VENDANGES

C'était temps de vendanges, c'était un temps joyeux.
Sur la plaine terreuse ou les coteaux pierreux
Les vignes alignaient les ceps et leurs ramures
Sous lesquelles pendaient de belles grappes mures.

La campagne bruissait des rires et des cris
Des groupes vendangeurs dans les feuilles enfouis
Egayant leur labeur d'histoires guillerettes.
Les vendanges riaient comme on rit à la fête.

Les guèpes bourdonnaient sur les grappes écrasées,
L'air sentait le raisin, les nuits étaient sucrées.
Sous les pampres de vigne dans l'été finissant
Naissaient des amourettes, qu'octobre, bien souvent,
Emportait en cortège dans un beau mariage.
C'était un temps joyeux que le temps des vendanges.


Gérard Comolas/Montanari


dimanche 26 février 2012

En Toi

En toi le vert clair de l'espérance,
En toi le rose chaleur de la tendresse,
En toi le bleuté des années perdues
Et le jaune soleil du temps à venir.
En toi l'ocre jaune des choses vraies,
En toi le rouge vif de la vie,
En toi toutes les couleurs de la musique
Et, en moi, un amour infini.

Elisabeth Derwent Bayet

vendredi 17 février 2012

Une Petite Fleur bleue

UNE PETITE FLEUR BLEUE




Valentin ...mon Valentin
Dis-moi !
Oh ! Je t'en prie dis-le-moi encor !


Pour tes yeux amoureux,
Je peindrai l'azur en bleu -
Une nuit de soleil joyeux
Je planterai un Arc-en-ciel
Tout au fond de la mer vieille !


J'accrocherai à ma toile
Les couleurs du bonheur -
Des rimes si belles
Que la lune, astre fidèle
En serait l'auteur !


Je ferai de nos jours
Un paradis d'amour -
Ma rose, je diluerai
Le parfum des étoiles,
Dans un charriot à voiles !


Valentin ...mon Valentin
Dis-moi !
Oh ! Je t'en prie dis-le-moi encor !


Mon ange au sourire !
J'effacerai au passage,
La noirceur des nuages -
J'adoucirai l'orage,
D'un grand éclat de rire !


Je puiserai à la pelle
Une brassée d'immortelles -
Je creuserai l'océan béant,
Et les vagues alpinistes
Luiront de mille schistes !


Mon petit poisson d'argent
Dis-le-moi encor tant et tant -
Je pêcherai le bonheur
Pour qu'il ne fasse moins peur,
Nous, nous nous aimant sous le lilas blanc !


                 Howard Mac Dulinthe

jeudi 9 février 2012

Bas les Masques !

BAS LES MASQUES !


Ne suis pas las,
De grimer
Ma face de chat,
De vibrisses improvisées !

A mardi gras,
Les chattes et les chats
Se parent de falbalas
Seyant à leurs minois.

Lolita de Cuba,
Masque de cinéma,
Sa robe féline,
Fellinienne, angora !

Un vieux matou
A son bras,
Haut de Forme,
Bas de velours !

Museau opinant
Pour une valse,
Un jeu de pattes
A quatre temps ;

Au premier rang,
Les aristos chats ;
Suivant derrière,
Les anarchistes de gouttière !

Blanches,
Tigrées,
Amantes
Sur canapé !

Les décolletés
Ouvrent le bal ;
Les confettis
Couvrirent les griffes !

Bas les Masques !
                    Howard Mac Dulinthe


mardi 7 février 2012

Carnaval de Venise

Venise, double face,
Toi et ton reflet,
Reflets de passion.
Tu es passionnelle,
Reflets de portes dérobées,
Tu te dérobes
Dans tes ruelles inondées.
Inaccessible, mystérieuse.
Venise, l'inconnue,
Belle dame masquée,
Secrète et fatale
Qui disparaît dans la brume
Du petit matin.
Quels sont les secrets
Cachés derrière le visage coloré de tes façades ?
L'eau coule sur tes marches.
Elle veut te pénétrer.
Elle cherche à te connaître,
Toi et tes secrets.

Et quand l'hiver
Commence à peine à s'évanouir
Dans les eaux troubles du lagon
Et que les brumes s'effacent
Dans la lumière douce
De la Mi-Carême,
D'étranges personnages
Se glissent, silencieux,
Parmi les ombres singulières
De tes ruelles.
Venise enchanteresse,
Venise, vaste théatre du passé.
Eclat d'or, éclat d'agent,
Les couleurs vives de tous les excès.
Venise, l'exubérante,
Belle et grotesque,
Venise, l'énigmatique,
Visage blanc percé
D'un regard noir intemporel,
Corps drapés d'étoffes brodées.
Venise, belle dame masquée,
Dévoileras-tu un jour tes secrets,
Les secrets de ton impénétrable comédie ?

Elisabeth Derwent Bayet




samedi 4 février 2012

Février carnavalesque

Temps des folies, c'est Carnaval
On rit, on cire, on chante
Plus rien n'est tout à fait normal
On fait des bonds en ronde trépidante

On se déguise, on se maquille
Qui se cache sous les masques trompeurs?
Sont-ce des garçons, sont-ce des filles?
A-bas les tabous, Fi de la peur!

L'un fait la grimace, l'autre une face comique
Mille clochettes tintinnabulent bruyamment
Partout résonnent de joyeuses musiques
Des pluies de confettis tombent abondamment

Le cochon s'acoquine avec le lièvre
Les anges bleus avec les pirates noirs
La sorcière fardée chevauche sa fièvre
Les fantômes hideux glissent dans les couloirs

Carnaval, temps des ripailles
Sept jours charnels, sept jours gras,
On mord dans les cochonnailles,
Crêpes, beignets et autres acras

Avant que jeûne, abstinence, Carême
Vienne le triste temps des privations
Hier encore une liesse extrême
Régnait sur un monde de fictions

Aujourd'hui tout n'est plus que cendres
On brûle Roi Carnaval
Février prochain il faut attendre
Des masques l'étourdissant festival

marie-ange