mercredi 5 octobre 2011

FIN D'ETE

Quand l'été profond balance
Ses chaudes lumières
Dans les airs mitigés de l'Automne,
Quand les fleurs fanées, ratatinées
Se meurent de violence
Et trouvent de sombres caveaux
Dans la terre moite, sans espérance,
Quand l'oiseau se tait et prend son vol
Vers d'autres pays,
Tirant sa dernière révérence,
Quand les nuages s'amassent sur l'horizon
Tout drapées de noir tragique
Reflétant dans les flaques d'eau
Leurs contours dramatiques,
Quand le jour cède sa place à une lune opaque
Et que le vert bleu de l'été
Se perd dans une lueur brune,
Quand mon coeur s'apaise
Après cris et rancunes,
Je m'en vais,
Je m'en vais chercher le soleil vaporeux
Qui verse des lumières
Sur les feuilles mourantes
Tombées dans le vide sur l'herbe moisie.
Je m'en vais, loin des tourmentes,
En quête de fraîcheur et de douceur de vie.

Elisabeth Derwent Bayet

lundi 2 mai 2011

COMME UN ANGE ROUILLE (chanson)

Mon fils,tu me disais ;
"le monde a changé !"
- Je sais, je sais, il est
menteur et pressé.
L'image de la planète
n'est bleue qu'à la télé
et l'âme des poètes
c'est du papier glacé !

Il ont relu Rimbaud
sans en lire la fin,
c'est le chant d'un ruisseau
et ça ne va pas plus loin !
Sentinelle oubliée
en marge du cahier,
poète je suis né,
poète je mourrai.

ref/ Soldat sacrifié
dans le dernier carré,
comme un ange rouillé
au sommet d'une église,
le monde 2010
je te le laisse... mon fils.

Je sais, je sais, je sais
le monde est déjanté;
les robots tiroir-caisse
ont bouffé la tendresse.
Je vois de vieux copains,
philosophes mondains,
faire un "max de fric"
en chanteur éthyliqu'

Leurs frasques monnayés
dans la publicité
habillent les abri-bus
en temple de Vénus.
Ils ont cloné la vie :
Hello, hello Dolly !
Moi je l'avais chantée
poupée à caresser.

Sentinelle oubliée
en marge du cahier,
comme un ange rouillé
au sommet d'une église,
le monde 2010
je te le laisse ... mon fils.

Je sais, je sais, je sais
le monde est guerrier,
mais j'ai jeté l'éponge
à gommer les mensonges

Sous la dernière rafale
je gueule mon idéal,
rien que pour le sublim'
d'une rime ultime.

Témoin pétrifié
au mur des vérités,
comme un ange rouillée
au sommet d'une église,
le monde 2010,
je le laisse à ... vos fils;

Gérard Comolas







mercredi 20 avril 2011

VIEUX BOUGRE DE DIMAY

Vieux bougre de Dimay, en souvenir de toi
J'ai écris ce clin d'oeil; dédicace ...à la noix !

Le poète aujourd'hui est un disgracié,
L'époque est policée, le verbe codifié.
Faut du précis mon pot, du sec, de la gam-boy !
Finie la poésie, on tchatche en cow-boy !
Laboureur de la rime garde ta bonne humeur.
Tiens ! Voilà un jeunot branché sur écouteurs,
Ca zappe, ça défile, ça clique du texto,
Le môme se la joue, musique et photos.
Il pense que le Monde c'est com'à la télé,
Emmerdons-le un peu ! Juste pour rigoler !

- << Permet jeune robot, je m'assois près de toi,
J'ai là un vieux bouquin de l'école primaire :
Titre "Géographie" - je vois tu restes coi !
C'est pourtant un recueil bourré d'imaginaire.
Alors j'ouvre au hasard ; "Le bassin parisien" !
Non c'est pas le fessier d'une quelconque Miss ?
C'est de la chlorophylle, du muscat Montargis,
De la valse serrée dans les bras de Lucien.
La Marne, mon bonhomme, s'appelait pas neuf-trois
Mais guinguette à Nogent et muguet de sous-bois.
Les nanas du week-end, on disait "les gisclettes",
C'était en ce temps là nos "meuf" et nos "beurette".
Mais j'ai rien inventé, comme toi aujourd'hui,
Le souci dès lundi, c'est rancard samedi.
L'approche féminine est toujours théorique,
Le déclic amoureux c'est science quantique.
Même le père Einstein y a glissé le doigt,
Ton zinzin "ay-machin", c'est à lui qu'tu le dois.
Tu te dis : "pas de bol - j'ai croisé un gaulois
Ou pire un vieux con de la guerre de Troie >>.

Il me répond ; << Monsieur, Troie jouxte Hissarlik,
J'ai "agrèg" de philo en poésie antique
Et sur mon ay-zinzin j'écoute du Cortot,
Toutefois vous pouvez me traiter de "jeunot",
Moi aussi quelquefois je juge sur la mine,
Et comme il se doit, je me trompe de cible.
Mais je retiens l'idée, et je vous remercie
J'ai mon prochain débat : "géo et vieilleries">>.

Et il me plante là ...
Tous "se foutent de moi" !
Dimay doit se poiler ! Il l'avait pourtant dit :
"Quand on a rien à dire, on dit des conneries ! "

Gérard Comolas



mardi 19 avril 2011

L'ARMEE DES SINGES

Dans un pays lointain, exotique,
Et dans une époque anachronique,
Un "Généralissime", aux grandes ambitions,
Eut l'idée de créer une armée
Qui lui apporterait, vite et à peu de frais,
Gloire, fortune et promotion.

Il remarqua que les grands singes africains,
Deux bras, deux jambes et une tète,
Réunissaient critères et silhouette
Qui caractérisent le soldat fantassin.
A grand renfort de bananes et de dattes
Il enrôla des colonies de primates,
Lesquels trouvant logis et pitance
En échange de quelques extravagances
Telles que sauts de haies ou courses ventre à terre,
S'installèrent en casernement militaires.
L'uniforme ajusté de quelques artifices
Et des visages peints sur casques enveloppants
En faisaient des guerriers des plus impressionnants.
Les sergents-instructeurs peaufinaient l'exercice,
Personne n'aurait cru à une armée factice.
Les hommes du pays, dégagée de l'armée,
Restaient à leur labeur, emplissant les greniers.
Le Prince était radieux,
Tout allait pour le mieux.

Quand soudain, un matin, du printemps que voilà !
Sous les murs, quel effroi, l'ennemi était là !
Mais la défense était prête ;
Un millier de soldats sous tambours et trompettes
Déferla aux créneaux et couvrit les remparts !
L'assaillant effrayé par cette multitude
Lâcha les étendards
Et s'enfuit en tumulte !
Généralissime put triompher
sous les faisceaux et les lauriers.
ce furent des semaines de festivités,
de parades et de félicité.

Hélas ! passés trois mois à peine,
L'ennemi est à nouveau dans la plaine ?
Le peuple, d'un seul coeur, appelle son champion.
Le "Génial Général" déploie ses bataillons ;
Au centre les piquiers, voltigeurs aux côtés,
La charge promettait !
Elle tourne au désastre ?
Les "soldats-chimpanzés" délaissant l'ennemi,
S'égaient dans l'oasis et se noient dans les arbres ?
C'était l'été, les dattes avaient muries ...

Vous avez deviné, pacifiques lecteurs ;
Ce n'était qu'une guerre imaginaire,
Sans cruauté, sans homicide, sans malheur.
Bien sur ! Bien sur ! La désertion alimentaire
N'est ni morale, ni exemplaire.
Même si, quelquefois... certains parlementaires ...

Gérard Comolas