samedi 3 octobre 2009

Nuits d'Enfants



Les enfants de la guerre ont tous l’âme malade.

Oublieux des tireurs planqués en embuscade,

Ils s’efforcent le jour de relire au jardin

Sous le soleil brillant, quelque conte enfantin,

S’appliquent à écrire et révisent à table,

Ou dessinent du doigt des formes sur le sable…

Mais leurs corps ont toujours ce sursaut un peu fou,

Qu’ils vivent à Gaza, Sétif ou Dien Bien Phu.


Les enfants de la guerre ont tous l’âme malade.

Ils cherchent sans arrêt au sommeil la parade,

Et tentent d’élever, en jouant bien trop tard,

Un rempart de gaîté contre les cauchemars,

Car ils peuplent leurs nuits d’un seul géant énorme

Quand toutes les terreurs en rêve prennent forme.

Poursuivis à jamais de monstruosités,

Ils tremblent sous les draps, de frissons agités.


Les enfants de la guerre ont tous l’âme malade

La pureté se meurt sur chaque barricade.

Dans la fuite immobile il n’est point de salut.

Le cœur dans un étau, légers comme fétu,

S’ils tentent d’échapper à la fureur guerrière,

Des pas cyclopéens vont ébranler la terre,

Ecrasant au passage un faible, un innocent,

Et les nuits des petits se colorent de sang.


Elisabeth DESHAYES

4 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est terrifiant, et c'est hélas... depuis la nuit des temps. Mais tu as raison Elisabeth ; se taire n'est pas la solution.
Gérard

Harmony a dit…

Bonjour, Elisabeth.
Poème très bien écrit et si criant de vérité qu'il me fait frissonner.
Bisous et à bientôt !

marie-ange a dit…

Je salue ta contribution toute personnelle à dénoncer la monstruosité de notre monde devant nous qui avons la chance d'être nés du meilleur côté.
marie-ange

Claudie Becques a dit…

Ce n'est pas Georges Brassens qui me contredira la chanson permet de dénoncer les horreurs de notre monde...
Ton poème me fait penser à la chanson de Bruel "Alors regarde" quand il dit "je ne vais pas me taire parce que t'as mal aux yeux".
Il insiste sur le fait que les guerres que décident et font les adultes, sont subies par des enfants, victimes innocentes dont l'âme restera meurtrie à jamais.
Tout cela n'est pas très bien dit j'en ai conscience, mais sans doute que c'est parce que tes mots m'ont touchée en plein coeur.
Amicalement.
Clo