samedi 29 novembre 2008

Je vois un paysage


Je vois un paysage,
Un ciel magenta, rejetant son image
Dans l'eau claire à l'infini,
Un ciel parsemé de nuages
Frayant doucement leur passage
En rose, bleuâtre, gris.
Je vois au lointain des collines,
Rondes et ondulantes, riantes envers la vie.
Elles disparaissent dans l'eau lointaine,
Embaumées et fleuries.

Au premier plan, un petit pré
En parfum d'herbe et d'aubépine
Et dans les airs un oiseau chante
D'une voie claire et cristalline.
Il prend son vol, ailes frémissantes,
Virevoltant, léger, ivre, libre.
Je le vois qui disparait, me quittant sans adieu, à jamais...
Ne serait-ce qu'un instant, mon cœur se serre
Contre une vie fragile et éphémère
Je m'accroupis et tends les mains
En serrant contre moi la terre,
Terre sombre, terre claire,
Terre d'ombre, terre lumière.

Je vois un paysage.
Au-dessus de moi un chêne
Au tronc solide se perdant dans un vaste feuillage,
Tel un homme vêtu dentelle
Qui à travers sa dure image,
Se fait transpercer par le ciel.

Et le parfum revient, parfum d'herbe,
Parfum d'herbe fraichement coupée.
Senteurs du matin, rosée mouillée,
Senteurs vertes et enivrantes.
Qui peut ôter de mon âme ce parfum là ?
Autour d'eux, ma langue serpente.
J'avale leurs petites gouttelettes
Sous un soleil liquide et transparente.

Je vois un paysage
Un paysage en aquarelle,
Douces couleurs, couleurs pastel,
Couleurs de cœur, couleurs de chair,
Couleurs d'une lointaine Angleterre.

Je vois un paysage
Qui s'est enfui comme un mirage...

Elisabeth Derwent Bayet

Hymne aux Fleurs


Fleurs des jardins, des champs ou des bords des chemins
Aux genres si divers, aux formes innombrables,
Aux couleurs d'arc-en-ciel, aux senteurs délectables,
Pourquoi votre existence et vos brefs lendemains ?

Est-ce pour saluer la saison printanière,
Donner ainsi naissance à des fruits savoureux,
Réjouir les oiseaux, fêter les amoureux,
Ou de jeunes mariés, parer la boutonnière ?

Est-ce pour attirer les abeilles d'entour,
Offrir, en vous ouvrant, à leurs trompes gourmandes
Votre léger pollen dont elles sont friandes,
Ou pour que vous célèbre un chant de troubadour ?

Certaines d'entre vous sont modestes, discrètes,
Et se cachent dans l'herbe ou sous des frondaisons,
Alors la plupart, éclatant leurs boutons,
Etalent leur splendeur avant d'être défaites.

Sans vous mimosa d'or aux confins de l'hiver,
Jonquilles du printemps, chrysanthème d'automne,
La nature serait sans saveur, monotone,
Sous le règne absolu d'une couleur: le vert.

Jean-Marie Ladssous

dimanche 23 novembre 2008

Swing


« Rescapé d’une jolie portée de chatons

Petite boule tigrée, Swing, tel est son nom,

Fit irruption un beau jour dans notre maison.

Quel drôle de nom pour un chaton !

Je vous dois donc une explication :

Le petit drôle n’avait qu’une seule envie,

Celle de fuir sans cesse pour vivre sa vie.

A la recherche de quelque grasse souris

Ou de quelque déluré cuicui ?

On n’est pas chaton pour rien, pardi !

Erreur stupéfaction, voici la vérité.

Par la mélodie de la musique attiré,

Il assistait, oreilles pointées, haut perché,

Aux concerts des fanfares de notre cité,

Il n’en manquait pas un, très fréquents en été.

Swing, le vagabond à l’oreille musicale,

Après avoir entendu maints flonflons de bals,

Au ciel monté d’une façon peu banale,

Bercé par une musique d’anges joviale,

Goûte en miaulant d’aise une paix royale. »

Marie-Ange Hoffman