dimanche 31 janvier 2010

POURQUOI


Pourquoi le ciel disparaît dans la nuit noire et lève sa tête le matin ?
Pourquoi la terre valse autour de la lune et ne s'en lasse jamais ?
Pourquoi la mer lèche le sable et se retire au loin pour revenir ?
Pourquoi les montagnes grimpent aux nuages pour s'y perdre la tête ?
Pourquoi les fleurs éclosent et relèvent leurs jolis corps ?
Pourquoi elles se cachent en hiver et se réveillent au printemps ?
Pourquoi la douce pluie scintille sur les feuilles d'Automne
et goûte l'arôme de leurs couleurs ?
Pourquoi le vent s'engouffre dans les voiles du Temps et le fait avancer ?........
Pourquoi nous sommes là, devant, en attendant de ne plus y être ?
Elisabeth Derwent Bayet

vendredi 22 janvier 2010

Voyage astral


J'ai caressé en rêve une étrange fée
dont la beauté sous le voile
tissé de plumes et de fleurs
a brûlé ma main et mon cœur.

Au sein d'un cortège d'oiseaux et de chats
nous allions planant survolant le clocher
La main dans la main nous étions emportés
bien au dessus des toits
en des nuages tachetés de bleu et de rose.

La campagne autour du village paraissait verte
d'un vert plus vert que l'herbe verte
et le bleu du ciel
plus bleu qu'outremer.

Comment oublier ce voyage
douceur et blancheur tendre
de son corps apparent sous le voile
caresse de chaleur
tremblement de nos mains
qui vibrait jusqu'en mon cœur.

Quand mes deux chats de ma poitrine
sautèrent sur le plancher
je me rendormis en sourdine
Croyant que j'avais rêvé.




Raymond Bergerot
poème retrouvé de 1967
ranimé et colorisé en 2010

mardi 19 janvier 2010

Noël est là !

Noël approche,
On fouille ses poches.
On quête, on donne,
On téléthone.

Noël est là !
Oui mais voilà,
On carillonne,
On réveillonne,
On chante, on fête,
Et on dindonne.

Puis on re-fête,
On re-dindonne,
On se la souhaite "Bien bonne".
On tourbillonne,
On cotillonne.
Et volent, volent les confettis,
On se réveille ... "Et c'est midi !"

Gérard Comolas

samedi 16 janvier 2010

Le chat sorcier


Grand prix 2009
Pour l'ensemble de ses poèmes
Alice Hugo


Sur le coussin ridé du vieux fauteuil Voltaire,
Sa majesté le chat ronronne avec entrain,
Accrochant des soupirs aux volutes d'airain
Qui forgent le salon dont il est locataire.

Il ne dort que d'un œil, rêvant de manigances
Dont souffre maintes fois mon chatouilleux mollet;
Mais lorsqu'il se repent, d'un feulement drôlet,
Je cède de bon cœur, à ses extravagances.

C'est un ensorceleur ! Il hante mon grimoire
Et tandis que je peine à composer des vers,
Il m'ouvre son iris sur d'amples univers,
Comme pour me guider vers l'antique mémoire.

J'y vois des ciels brûlants, une sombreur turpide,
De scintillants palais semés d'étoiles d'or;
Mon âme est un phénix ! Oh fabuleux trésor
Conférant à ma plume une grâce limpide !

Mais je dois me presser ! Le charme de l'osmose
Défaille et comme lui mon esprit fainéant !
Les secrets du félin retournent au néant,
Sous le velours bistré de sa paupière close.

Alice Hugo

dimanche 10 janvier 2010

Marais-Verie

Prix spécial du jury
Pour l'ensemble de ses poèmes
Claudie Becques

Il arrive parfois que pour décompresser,
Sur mon lieu de travail à travers la fenêtre,
Je suive du regard jusqu'à voir disparaitre,
L'un de ces échassiers si nombreux à passer.

Son long cou replié, l'oiseau s'en va, pressé,
Rejoindre les marais afin de se repaître,
Dans cet endroit paisible où j'aime aussi tant être,
Il y truve poisson, grenouille ou crustacé.

Au bord de l'eau, statique il sait avec patience
Au milieu des roseaux, déjouer la méfiance
Pour mieux les dénicher, dessous un nénuphar.

Beau héron, je dois là cesser mes rêveries
Et me replonger dans mes paperasseries,
Je te laisse à ta pêche et rejoins... mon cafard !

Claudie Becques

mercredi 6 janvier 2010

voeux pieux

Et si on effaçait de quelques coups magiques
Tout l'univers avec les mondes qu'il contient
Toutes vies disparues de façon si tragique
Tout ce que les hommes ont pu semer de chagrin

Et qu'on recommence tout depuis le début
Tout l'univers avec les mondes qui l'habitent
Toutes nos vies à rebâtir de nos mains nues
Pour un futur meilleur fait d'amour sans limites

Et si on effaçait tout comme l'enfant qui,
pour tout recommencer au début s'enhardit,
Essuyant de ses deux coudes l'ardoise pleine

Et dessine de sa petite main certaine
Une esquisse à grands traits sur son ardoise noire
Une fleur blanche éclose symbole d'espoir.

Tembo !

Prix de l'éditeur
Pour l'ensemble de ses poèmes
Guy Vielfault

Le soleil au zénith, la torpeur s'invétère,
Des singes hauts perchés, le jacassant tocsin
Dénonce en mille cris, hurlés comme à dessein,
L'ombre énorme, approchant l'éléphant solitaire.

Dans l'oeil d'un fauve roux que la chaleur altère
S'étoile le regret d'un désir assassin
Quand son regard s'attarde au miroir du bassin
Où s'abreuve, inversé, son puissant feudataire.

Le sol s'émeut soudain du pas souple et pesant,
Des baboins au front noir écoutent, se taisant,
Le barrissement sourd dont s'étonne la nue.

Trompe haute, étendard de sa rébellion,
L'insolent pachyderme à l'allure grenue
Défie au marigot l'ire du roi-lion.

Guy Vielfault

Tembo: Eléphant en langue Masaï




lundi 4 janvier 2010

A malin, malin et demie...

Deuxième prix Poésie régulière
Thème animaux
Monique Ruffié Saint-Blancat

A la fenêtre, un chat se lèche les babines
En suivant du regard les ébats d'un moineau
Qui folâtre, au-dessus, sur le bord du chéneau,
Bien loin de se douter des matoises combines.

Le matou, fort habile, en choses rapines,
A son plan pour happer ce genre d'étourneau
Qui va tomber, pour sur, bientôt dans le panneau
D'un vétéran friand de plumes jacobines...

Il monte tout là-haut, s'approche en tapinois,
Et savoure déjà, d'un œil torve et sournois,
Le tendre volatile, amputé de cervelle,

Dont il fera festin, sans le moindre souci.
Bien fat est le niais que son ombre révèle
A l'oiseau qui s'envole, aussitôt, Dieu merci !

Monique Ruffié Saint-Blancat